Philippe Meyer –Le fils

Publié le par Patrick Chabannes

Philippe Meyer –Le fils

Gare aux Texans de petite taille, ils doivent être dix fois plus méchants pour survivre dans ce pays de géants.
Une même famille les McCullough, trois récits parallèles de trois vies, Eli (1836), le fondateur, élevé parmi les Comanches, dur et froid, le temps de la conquête armes à la main, le fils Peter (1870), humaniste philosophe au pays du colt et l’arrière petite-fille Jeanne Anne (1926) dernière aventurière d’une lignée qui participa de l’identité du Texas, sa terre nourrit du sang des espagnols, des aztèques, des apaches lipans, des comanches, des mexicains et des américains aventuriers, éleveurs puis pétroliers. Une tranche d’histoire ouverte encore, une leçon de liberté aujourd’hui abandonnée aux mains des prédateurs bienveillants.

Le travail de documentation sur le Texas et les Comanches est impressionnant. L’on conservera le livre serré dans la bibliothèque tant on n’y apprend comment les Comanches voyaient le monde et les milles détails de leur mode de vie fait d’abord de liberté.

Quelques citations puisque je ne peux en dire plus sans déflorer inutilement ce livre extraordinaire.

L’un dans l’autre, c’était le meilleur été de ma vie, et malgré la morosité générale, j’étais comblé comme jamais. Je risquais chaque jour de me faire tuer par des Blancs ou des Indiens ennemis, ou bien déchiqueter par un ours ou une horde de loups des plaines, mais il était bien rare que je fasse quelque chose contre mon gré.
Là résidait peut-être la principale différence entre Blancs et Comanche : les Blancs étaient prêts à sacrifier leur liberté pour vivre plus longtemps et mieux manger, les Comanches n’y auraient jamais renoncé.

Toshaway me dit que sa grand-mère était une captive mexicaine- toute la tribu avait des captifs pour ascendants, c’était la tradition comanche, le moyen d’entretenir la vigueur du sang.

Texas, 1917, Peter McCullough (p379)
Mais à l’exception des alentours immédiats de la maison, ce n’étaient qu’herbes sèches et éparses, buissons d’épines et aires de caliches nues. Mon père a raison : nous avons détruit cette terre pour toujours, en une génération.

Philippe Meyer –Le fils

Texas, Jeannie, 1945
Le pétrole, voilà ce qui comptait. Les Alliés avaient brûlé sept milliards de barils pendant la Seconde Guerre mondiale, dont quatre-vingt-dix pour cent provenaient des Etats-Unis, et principalement du Texas. La bataille de Normandie n’aurait pas été possible sans Big Inch et Little Big Inch, les fameux oléoducs. Les Alliés avaient vogué vers la victoire sur une mer de pétrole texan.

Mais il n’y a bien que les balles et les murs qui garantissent l’honnêteté des voisins.

J’étais maintenant convaincu que la vie des gens riches et célèbres n’était pas très différente de celle des Comanches : ils faisaient ce qu’ils voulaient sans rendre de compte à personne.

Traduit de l’anglais américain pat Sarah Gurcel

Albin Michel 2014, Le livre de poche 2016, 785 pages d’aventures et d’histoire.

Merci à mon frangin Xavier pour ce très beau cadeau d'anniversaire.

Lectori salutem, Patrick

Publié dans romans, histoire

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article